Apnée sous-marine et apnée du sommeil, c'est pareil ?
ETUDES & SCIENCES
Qu'est-ce que l'apnée ?
Le terme apnée vient du grec et signifie littéralement "sans respiration". Ce phénomène peut être volontaire, comme dans la plongée en apnée, ou involontaire, comme dans le cas de l'apnée du sommeil. Ce sont deux conditions aux mécanismes et aux impacts radicalement différents, bien qu’elles partagent une caractéristique commune : une suspension temporaire de la respiration.
Apnée sous-marine :
maîtriser l'arrêt respiratoire
L’apnée sous-marine est une discipline de plus en plus populaire. C'est l'action volontaire qui consiste à retenir son souffle pour plonger sous l'eau sans matériel de respiration. Les apnéistes entraînent leur corps et leur esprit à tolérer les changements physiologiques afin de prolonger leur temps en immersion et d'explorer le monde sous-marin.
Physiologie de l'apnée sous-marine
Lors d'une plongée en apnée, le corps subit des changements physiologiques qui lui permettent de prolonger la rétention d’air :
Bradycardie (ralentissement du rythme cardiaque) : l’immersion en eau froide ou tempérée déclenche une diminution du rythme cardiaque, ce qui aide à économiser l’oxygène pour les organes vitaux.
Réduction de la circulation périphérique : le sang est redirigé vers les organes centraux, réduisant la consommation d'oxygène des muscles et des extrémités.
Tolérance au dioxyde de carbone (CO₂) : l’envie de respirer est majoritairement déclenchée par une accumulation de CO₂ dans le sang. Les apnéistes expérimentent une tolérance au CO₂ pour repousser cette sensation sans compromettre leur santé.
Gestion de l’hypoxie (baisse d'oxygène) : les apnéistes apprennent à reconnaître les signes de l’hypoxie et à gérer leur oxygène pour éviter les syncopes.
Les apnéistes s’entraînent ainsi à contrôler leur respiration et leur état mental, ce qui requiert un effort important, mais leur permet de pratiquer de manière sécurisée. Cependant, l'apnée sous-marine ne doit jamais être pratiquée seul : les risques d’évanouissements sous l'eau sont réels, et la présence d’un binôme est une précaution incontournable pour garantir la sécurité.
Apnée du sommeil : un trouble involontaire qui impacte la santé
Contrairement à l’apnée sous-marine, l’apnée du sommeil est un trouble respiratoire involontaire qui se produit lorsque la respiration s'arrête de manière répétée pendant le sommeil. Cette condition affecte souvent la qualité de vie et peut avoir des conséquences graves sur la santé si elle n'est pas traitée. L'apnée du sommeil est due à un relâchement des muscles de la gorge ou à une anomalie du système nerveux central, empêchant l'air de circuler librement.
Physiologie de l'apnée du sommeil
On distingue deux principaux types d’apnée du sommeil :
L'apnée obstructive du sommeil (AOS) : c'est la forme la plus courante, causée par le relâchement des muscles de la gorge, qui bloque les voies respiratoires. Ce type d’apnée affecte environ 3 à 7 % des hommes et 2 à 5 % des femmes dans les populations adultes, bien que des enfants et des adolescents puissent également être concernés.
L'apnée centrale du sommeil (ACS) : plus rare, elle survient lorsque le cerveau n’envoie pas correctement le signal aux muscles respiratoires. Elle touche davantage les personnes âgées et est souvent associée à d’autres pathologies.
Conséquences :
Les interruptions répétées de la respiration entraînent une diminution de la qualité du sommeil, ce qui provoque des conséquences graves à long terme :
Somnolence diurne excessive : en raison de la fragmentation du sommeil, les personnes atteintes d'apnée du sommeil souffrent souvent de fatigue chronique.
Risque cardiovasculaire accru : l’apnée non traitée peut augmenter la probabilité de développer une hypertension, des AVC et des maladies cardiaques.
Troubles cognitifs et dépression : la mauvaise qualité de sommeil impacte les fonctions cognitives et la santé mentale.
Les deux types majeurs d’apnée sont donc :
1. L'apnée volontaire : souvent pratiquée dans le cadre de la plongée libre ou d’un entraînement respiratoire pour augmenter les capacités pulmonaires.
2. L'apnée involontaire : généralement une pathologie respiratoire, fréquente durant le sommeil, et qui nécessite des traitements adaptés.
Analogies entre l'apnée sous-marine et l'apnée du sommeil
Bien qu'elles soient très différentes, il existe des similitudes notables entre ces deux types d'apnée :
Retenue de la respiration : dans les deux cas, la respiration est temporairement interrompue, bien que de manière volontaire dans l'apnée sous-marine et involontaire dans l'apnée du sommeil.
Impact sur la saturation en oxygène : les deux formes d’apnée entraînent une baisse de l'oxygène dans le sang, avec des conséquences physiologiques qui doivent être surveillées pour éviter tout risque.
Enjeux de sécurité : que ce soit dans un cadre aquatique ou nocturne, la gestion des risques et des solutions appropriées est cruciale pour la santé et le bien-être des personnes concernées.
Différences entre l'apnée sous-marine et l'apnée du sommeil
Elles se distinguent par plusieurs aspects :
Volontaire vs involontaire : l’apnée sous-marine est un acte délibéré et contrôlé, tandis que l’apnée du sommeil survient de façon incontrôlée et souvent sans que la personne en soit consciente.
Environnement : l’apnée sous-marine a lieu dans un cadre aquatique et contrôlé, alors que l'apnée du sommeil se produit durant la phase de repos.
Objectif : l’apnée sous-marine vise à réaliser des performances sportives ou méditatives, tandis que l'apnée du sommeil est un trouble de santé nécessitant une prise en charge.
Conclusion
Bien que l'apnée sous-marine et l'apnée du sommeil soient liées par l'idée d'une suspension respiratoire, elles répondent à des objectifs différents : l'une est un acte volontaire destiné à explorer les limites de l'esprit et du corps, tandis que l'autre est un trouble médical avec des conséquences potentielles graves. Dans tous les cas, qu'il s'agisse d'améliorer les performances sous-marines ou de retrouver une meilleure qualité de sommeil, la connaissance de ces mécanismes est cruciale pour optimiser sa santé et sa sécurité.
La pratique de l'apnée sous-marine peut, dans certains cas, améliorer le contrôle respiratoire et le bien-être mental. Cependant, cela ne remplace en rien un traitement médical pour les troubles respiratoires du sommeil. Par conséquent, il est important de consulter des spécialistes pour un suivi adapté et de s'assurer que les solutions mises en place répondent efficacement aux besoins de chaque individu.
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Solutions et traitements
Apnée sous-marine
Entraînement spécifique : les apnéistes travaillent leur respiration diaphragmatique, leur tolérance au CO₂ et leur capacité pulmonaire.
Précautions de sécurité : il est essentiel de plonger avec un binôme capable d'intervenir en cas de syncope et de connaître ses limites pour éviter les accidents.
Bénéfices sur le bien-être : la pratique de l’apnée est reconnue pour ses effets apaisants, améliorant la capacité respiratoire, réduisant le stress et favorisant la méditation, des atouts qui peuvent bénéficier indirectement à des personnes souffrant de troubles respiratoires, bien que cela ne constitue pas un traitement pour l’apnée du sommeil.
Apnée du sommeil
Appareils CPAP : la thérapie par pression positive continue (CPAP) est un traitement efficace qui empêche l’obstruction des voies respiratoires en envoyant un flux d'air constant.
Chirurgie : dans certains cas, la chirurgie peut corriger les anomalies des voies respiratoires pour réduire les symptômes d’apnée obstructive.
Améliorations du mode de vie : une perte de poids, la réduction de la consommation d'alcool avant le coucher et des techniques de sommeil sur le côté peuvent contribuer à diminuer les symptômes d'apnée du sommeil.
Thérapies comportementales et médicales : certains traitements ciblent les habitudes de sommeil ou utilisent des médicaments pour stimuler la respiration dans l'apnée centrale.