Plongée dans l'histoire
SOCIO, ARTS & CULTURES
L’apnée, ou plongée en apnée, n’est pas simplement une discipline sportive contemporaine. Bien avant les exploits modernes des champions de la discipline, des civilisations et des communautés humaines à travers le monde ont utilisé cette technique ancestrale pour subvenir à leurs besoins. Qu’il s’agisse de la pêche, de la récolte de perles, ou d'autres ressources sous-marines, l’apnée a été et reste une compétence essentielle pour certaines peuplades. Aujourd’hui encore, certaines de ces communautés perpétuent cette tradition, plongeant à des profondeurs impressionnantes sans équipement sophistiqué, uniquement armés de leur maîtrise de la respiration et de leur relation intime avec l’océan.
Dans cet article, nous allons explorer l’histoire de l’apnée, son importance culturelle et économique au fil des siècles, et nous plonger dans la vie fascinante des Bajau d’Indonésie, des Ama du Japon et des Haenyeo de Corée, des peuples qui continuent à pratiquer l’apnée de façon traditionnelle.
from blueleaf
from book of Sonny Tanabe
II. Les peuples contemporains de l’apnée
Malgré les avancées technologiques, certaines communautés côtières du monde continuent à pratiquer l’apnée comme leurs ancêtres, parfois pour des raisons économiques, mais aussi pour préserver leur héritage culturel.
Les Bajau : les "nomades de la mer"
Parmi les peuples contemporains qui pratiquent l’apnée, les Bajau Laut, ou "nomades de la mer", occupent une place unique. Cette communauté, qui vit principalement en Indonésie, aux Philippines et en Malaisie, est célèbre pour sa capacité à plonger en apnée à des profondeurs impressionnantes, parfois jusqu’à 70 mètres, et à rester sous l’eau pendant plusieurs minutes.
Les Bajau sont traditionnellement des pêcheurs, et leur lien avec l’océan est à la fois spirituel et vital. Ils passent la majeure partie de leur vie sur des bateaux ou des maisons sur pilotis flottant au-dessus des eaux. Les Bajau plongent pour pêcher, mais aussi pour récolter des coquillages, des concombres de mer et d’autres produits marins qu’ils vendent ensuite sur les marchés.
Leurs incroyables capacités sous-marines ont même attiré l’attention des scientifiques. Des études récentes ont montré que les Bajau présentent des adaptations physiologiques uniques : ils ont des rates plus grandes que la moyenne humaine, ce qui leur permet de stocker davantage d’oxygène dans leur corps pendant la plongée.
Une capacité physiologique unique
L'une des découvertes les plus étonnantes concernant les Bajau est la taille exceptionnellement grande de leur rate. Une étude scientifique menée en 2018 a révélé que la rate des Bajau est en moyenne 50 % plus grande que celle d'autres populations. Ce phénomène est crucial dans l’apnée, car la rate agit comme un réservoir d’oxygène : lorsqu’une personne plonge, la contraction de cet organe libère des globules rouges supplémentaires dans la circulation sanguine, augmentant ainsi la quantité d'oxygène disponible. Cette adaptation permet aux Bajau de rester sous l'eau plus longtemps que la majorité des autres humains, leur conférant une capacité physiologique hors du commun.
Réflexe d'immersion mammifères accent
L'une des découvertes les plus étonnantes concernant les Bajau est la taille exceptionnellement grande de leur rate. Une étude scientifique menée en 2018 a révélé que la rate des Bajau est en moyenne 50 % plus grande que celle d'autres populations. Ce phénomène est crucial dans l’apnée, car la rate agit comme un réservoir d’oxygène : lorsqu’une personne plonge, la contraction de cet organe libère des globules rouges supplémentaires dans la circulation sanguine, augmentant ainsi la quantité d'oxygène disponible. Cette adaptation permet aux Bajau de rester sous l'eau plus longtemps que la majorité des autres humains, leur conférant une capacité physiologique hors du commun.
I. Les origines d'une pratique millénaire
L’apnée est probablement l’une des plus anciennes formes d’interaction humaine avec l’environnement marin. Si aujourd'hui, elle est associée à des performances sportives et des records, ses origines sont beaucoup plus terre-à-terre. Dans de nombreuses régions côtières du monde, la plongée en apnée était un moyen de survie, offrant aux peuples côtiers un accès aux richesses cachées des océans.
La Grèce antique et la plongée pour les éponges
Les traces de la plongée en apnée remontent à la Grèce antique. Les habitants de l’île de Kalymnos, surnommés les "plongeurs d’éponges", étaient réputés pour leurs talents exceptionnels à descendre dans les profondeurs de la mer Égée pour ramasser des éponges naturelles. Les Grecs appelaient ces plongeurs des skafis, et leurs exploits étaient décrits dans des récits mythologiques.
Ces plongeurs utilisaient des pierres pour se lester et descendaient jusqu'à 30 mètres sous la surface. Ils pouvaient retenir leur respiration pendant plusieurs minutes, parfois en mâchant une sorte de gomme naturelle, le chios, qui stimulait la salivation et aidait à réguler la pression dans les oreilles.
L'Empire romain et la pêche sous-marine
Sous l’Empire romain, l'apnée est devenue un outil essentiel pour l'extraction de perles, d'éponges, et d'autres produits marins. Pline l’Ancien, dans son ouvrage Histoire Naturelle, raconte comment des pêcheurs plongeaient pour récupérer des perles précieuses dans la mer Rouge et dans le golfe Persique. Ces plongeurs utilisaient des techniques de respiration sophistiquées et des méthodes pour protéger leurs oreilles des changements de pression sous l’eau.
Les Amas : les perles des mers
Les Amas, également appelées "femmes de la mer" et encore jadis "les plongeuses aux seins nus", sont des plongeuses traditionnelles japonaises qui pratiquent la récolte sous-marine depuis plus de 2000 ans. Historiquement, les Amas ont plongé pour ramasser des huîtres perlières, des algues et d’autres coquillages dans les eaux de l’archipel japonais. Elles peuvent descendre à des profondeurs allant jusqu’à 20 mètres, en retenant leur souffle pendant une à deux minutes.
Le métier de ces femmes est non seulement difficile, mais aussi dangereux. Plonger sans aucun équipement dans des eaux froides exige une grande force physique et une maîtrise de soi. Traditionnellement, les Amas portent un simple pagne blanc, croyant que cette couleur effraye les requins. De nos jours, les Amas utilisent parfois des combinaisons de plongée, mais la plupart continuent de plonger à la manière ancienne, sans bouteilles d’oxygène.
Malheureusement, le nombre d’Amas a considérablement diminué au fil des décennies, avec seulement quelques centaines de plongeuses encore en activité, principalement dans la région de Toba et dans les îles Shima. Le mode de vie des Amas est aujourd’hui menacé par la modernisation et la surexploitation des ressources marines.
Réflexe d'immersion mammifères accent
L'une des découvertes les plus étonnantes concernant les Bajau est la taille exceptionnellement grande de leur rate. Une étude scientifique menée en 2018 a révélé que la rate des Bajau est en moyenne 50 % plus grande que celle d'autres populations. Ce phénomène est crucial dans l’apnée, car la rate agit comme un réservoir d’oxygène : lorsqu’une personne plonge, la contraction de cet organe libère des globules rouges supplémentaires dans la circulation sanguine, augmentant ainsi la quantité d'oxygène disponible. Cette adaptation permet aux Bajau de rester sous l'eau plus longtemps que la majorité des autres humains, leur conférant une capacité physiologique hors du commun.
Une tolérance au froid impressionnante
Ce qui distingue particulièrement les Amas, c’est leur capacité à plonger dans des eaux souvent glaciales, parfois sans l’aide de combinaisons de plongée modernes. Pendant des siècles, elles portaient uniquement un pagne blanc pour plonger, même en hiver. L’endurance au froid des Amas est attribuée à une adaptation progressive : leur corps a appris à maintenir sa température interne tout en minimisant les frissons, qui consomment de l’énergie. Certaines études suggèrent que leur métabolisme a évolué pour utiliser l’énergie de manière plus efficace, augmentant la production de chaleur corporelle.
La maîtrise du souffle et le « sumbisori »
Les Amas maîtrisent aussi une technique de respiration unique appelée le sumbisori. Lorsqu’elles refont surface après une plongée, elles expirent rapidement l’air pour expulser le dioxyde de carbone accumulé dans les poumons, avant de reprendre une grande inspiration. Cette technique est cruciale pour prolonger leur temps de plongée et pour éviter des complications respiratoires. Le sumbisori est non seulement un aspect technique, mais aussi une tradition culturelle transmise de génération en génération.
Photo Iwase Yoshiyuki
Photo année 40, Horace Bristol
Photo Yoneo Morita/ Sebun Photo
Maison de la culture du Japon à Paris
Les Haenyeo : l'âge ça ne compte pas !
Sur l’île de Jeju, en Corée du Sud, les Haenyeo (ou "femmes de la mer") perpétuent une tradition similaire à celle des Ama japonaises. Ce groupe de femmes plongeuses, dont certaines ont plus de 70 ans, descend dans les eaux froides du détroit de Corée pour récolter des coquillages, des algues, des ormeaux et des concombres de mer. Leur mode de vie a façonné une société matriarcale unique, où les femmes sont les principales pourvoyeuses de nourriture et de revenus pour leurs familles.
Les Haenyeo, comme les Amas, ne portent généralement pas de bouteilles d’oxygène. Elles plongent en apnée à des profondeurs atteignant 10 à 20 mètres, et peuvent retenir leur souffle jusqu'à deux minutes. Traditionnellement, les Haenyeo apprennent à plonger dès leur plus jeune âge, souvent dès l'âge de 12 ans, et continuent à plonger jusqu'à un âge avancé.
Cette communauté de plongeuses a vu son nombre diminuer considérablement au fil du temps. Alors qu'il y avait autrefois des dizaines de milliers de Haenyeo sur l’île de Jeju, leur nombre est aujourd’hui estimé à environ 2000. Le gouvernement coréen tente de préserver cette tradition en inscrivant les Haenyeo au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO en 2016.
Réflexe d'immersion mammifères accent
L'une des découvertes les plus étonnantes concernant les Bajau est la taille exceptionnellement grande de leur rate. Une étude scientifique menée en 2018 a révélé que la rate des Bajau est en moyenne 50 % plus grande que celle d'autres populations. Ce phénomène est crucial dans l’apnée, car la rate agit comme un réservoir d’oxygène : lorsqu’une personne plonge, la contraction de cet organe libère des globules rouges supplémentaires dans la circulation sanguine, augmentant ainsi la quantité d'oxygène disponible. Cette adaptation permet aux Bajau de rester sous l'eau plus longtemps que la majorité des autres humains, leur conférant une capacité physiologique hors du commun.
Une endurance acquise au fil des générations
Les Haenyeo commencent à plonger dès l’enfance, vers l'âge de 12 ans, et apprennent à perfectionner leur apnée sur des décennies de pratique. Contrairement aux Bajau, il n’a pas été démontré que les Haenyeo possèdent des adaptations physiologiques spécifiques comme une rate agrandie. Cependant, elles développent une forme d'endurance exceptionnelle, rendue possible par une combinaison de facteurs tels que la pratique constante, la préparation mentale et un mode de vie axé sur la plongée.
Le rôle du sang dans la gestion de l'oxygène
Les Haenyeo, tout comme les Ama et les Bajau, bénéficient également de la réponse plongeuse des mammifères. Cependant, ce qui est remarquable chez les Haenyeo, c’est leur capacité à maximiser l’utilisation de leur réserve d'oxygène en ralentissant leur métabolisme pendant la plongée. Cela leur permet de réduire la consommation d’oxygène tout en maintenant leurs activités sous-marines.
Leur capacité à rester sous l’eau pendant plusieurs minutes, jusqu’à 20 mètres de profondeur, est renforcée par une préparation mentale intense. Leur culture intègre des techniques de méditation et des rituels de connexion à la mer, ce qui contribue à leur performance et à leur longévité dans cette pratique.
Series of photos by Alain Schroeder
Petite parenthèse enchantée
Ces sublimes portraits de grand-mères de la mer comme il les a intitulés, sont l'oeuvre du photographe Alain Schroeder. Il a réalisé ces photographies en noir et blanc car il trouvait visuellement intéressant ce ton noir sur noir des combinaisons avec les rochers volcaniques lors de ses premiers clichés. Si bien qu'il a eu l'idée de tirez le portrait de ces femmes sur fond noir pour que la matière des combinaisons lisses et mouillées offrent un résultat magnifique à la lumière.
Si vous désirez découvrir d'autres photographie de cette série de portraits, car ici, ce n'est qu'un petit échantillon.
N'hésitez pas à vous rendre sur : Peta Pixel où vous aurez également les explications d'Alain Schroeder sur son travail.
III. L’apnée moderne : une redécouverte profonde
Alors que ces communautés continuent à plonger pour des raisons économiques ou culturelles, l’apnée est aussi devenue une discipline sportive moderne, fascinant les amateurs du monde entier. Les compétitions d’apnée, avec des records de profondeur ou de durée de rétention d'air, sont devenues populaires, célébrant la capacité humaine à se surpasser.
Le développement de l’apnée moderne est attribué à des pionniers comme Jacques Mayol, Enzo Maiorca puis quelques temps après Umberto Pelizzari, qui ont repoussé les limites de ce que l’on croyait possible sous l’eau. Ces athlètes, inspirés par les anciennes civilisations et les peuples apnéistes contemporains, ont transformé l'apnée en un sport extrême tout en rappelant l'importance de la connexion avec l'océan.
IV. L’avenir de l’apnée : un équilibre fragile entre modernité et préservation
Bien que la technologie offre aujourd'hui des moyens de plonger plus profondément et plus longtemps, l’apnée traditionnelle reste une pratique précieuse qui mérite d’être préservée. Les Bajau, Ama et Haenyeo incarnent une sagesse ancienne et une relation harmonieuse avec la nature qui s’estompe dans notre monde de plus en plus industrialisé.
L'apnée est un témoignage vivant de la résilience humaine et de notre capacité à nous adapter à notre environnement. Cependant, les menaces telles que la pollution, la surpêche et le changement climatique pèsent sur les ressources marines dont ces communautés dépendent. Il est essentiel que des mesures de conservation soient mises en place pour protéger à la fois ces peuples et les écosystèmes marins qu'ils préservent.
Conclusion
L'apnée est bien plus qu'un simple sport ou une curiosité. Pour certaines communautés, c’est un mode de vie, une tradition ancestrale qui les relie à la mer et à ses ressources. Les Bajau, les Ama et les Haenyeo sont des exemples vivants de cette pratique, incarnant à la fois les défis et la beauté de la vie en symbiose.
Jacques Mayol lors d'une plongée No limit en gueuse